Anthony Mandrea

Anthony Mandréa (24 ans, 1,86 m), le gardien de but du SO Cholet prêté par le SCO d’Angers, réalise une saison remarquable dans les buts choletais. Décisif à chaque match, il ne cesse de progresser et profite à fond de l’opportunité qui lui a été offerte de devenir titulaire en National. Avant d’aspirer plus haut, lui qui a connu l’élite du football français à même pas 17 ans.

3 novembre 2013, Nice – Bordeaux, Stade du Ray, 48e minute de jeu. Sur une sortie aérienne a priori anodine, David Ospina, gardien de but colombien de l’OGC Nice, se blesse au contact du Bordelais Grégory Sertic. 3 minutes plus tard, le changement est demandé. Le jeune Anthony Mandréa, 16 ans, 10 mois et 9 jours, se voit propulsé par Claude Puel dans les buts de son club formateur. Pendant que David Ospina sort sur civière, le jeune Anthony, 4e gardien dans la hiérarchie, entre sur la pelouse sous les yeux de ses parents, de son oncle. Et devient l’un des plus jeunes joueurs de l’histoire à évoluer dans l’élite hexagonale.

Premier match en pro à 16 ans

Sous les encouragements du public niçois, Anthony ne réalise pas vraiment ce qui lui arrive. Aujourd’hui, il se souvient de tout. « Franchement, j’ai en mémoire toutes les actions du match. Je me rappelle que j’avais foiré mon premier ballon ! C’était une passe en retrait et j’avais envoyé mon dégagement plein axe, au milieu du terrain. Et puis il y a le but d’Obraniak forcément, je prends une lucarne. C’était un match incroyable pour moi, devant tout ce public. » Finalement, et il ne le savait pas encore à ce moment-là, ce sera son seul match sous le maillot niçois en Ligue 1.

Bien sûr, cette histoire est connue. Elle a déjà été racontée dans les médias, narrée, au gré des interviews auxquelles « Antho » a répondu dans sa jeune carrière. Ce qui l’est moins, c’est le chemin que le natif de Grasse a emprunté avant d’entrer dans l’histoire du football français, ce fameux 3 novembre 2013.

Le foot en famille à la maison

Né dans une famille de footeux, avec notamment son père Christophe qui le suit et le conseille partout, Anthony prend sa première licence à l’âge de 6 ans dans le club de son village : l’US Pégomas. Il s’épanouit, se fait déjà remarquer par ses qualités au-dessus de la moyenne dans les buts. À la maison, le paternel entraîne son fils. « Mon père avait construit un but et aménagé une partie du jardin, se souvient-il. Il m’entraînait régulièrement. » Le duo était accompagné par le grand frère Jason, de six ans l’aîné d’Antho. « Je garde de super souvenirs de Pégomas. On allait jouer dans les quartiers de Marseille, à La Cayolle… »

Entre Nice et Cannes, Antho rallie Nissa la Bella

À l’âge de 11 ans, l’OGC Nice contacte Christophe Mandréa. Le club-phare des Alpes-Maritimes veut faire signer son fils. « Mais mon père a considéré que c’était trop tôt. Il a dit que je devais continuer à jouer avec les copains et qu’il fallait revenir 1 ou 2 ans plus tard. » Parallèlement, l’AS Cannes, club historique qui a notamment formé Zinédine Zidane, Patrick Vieira ou encore Johan Micoud, lui fait les yeux doux. « Mais il y a une vraie rivalité sportive entre Pégomas, l’AS Cannes, Grasse… C’était difficile. Cannes est juste à côté de Pégomas mais Nice était la meilleure option. » Deux ans plus tard, en 2009, Antho et sa famille franchissent le pas : direction le centre de pré-formation… du moins la deuxième année. « Car la première année, je jouais à Nice mais je n’avais pas intégré l’internat. Je faisais 1h40 de bus tous les matins pour me rendre à Nice et 1h40 le soir pour rentrer chez moi. Je me souviens que c’était Jean-Louis qui conduisait la navette du minibus (rires), il passait à 6h20 le matin. Une fois par semaine, parfois deux, mon père m’emmenait et allait me chercher. Mais avec son travail, c’était compliqué. C’est pour ça que j’ai intégré finalement l’internat quand je suis passé en 3e. » Les souvenirs sont gravés.

Au Parc impérial de Nice, Anthony côtoie l’élite sportive locale : les handballeurs, les judokas… Il progresse, grandit, gravit les échelons, obtient son brevet. La première année en U17, il se retrouve sur le banc, barré dans un premier temps par un certain Mouez Hassen. La deuxième année, il signe un contrat stagiaire. Avant de profiter d’un incroyable concours de circonstances pour entrer en jeu face à Bordeaux en Ligue 1.

Le contrecoup mental

Néanmoins, la suite s’avère difficile. Anthony a du mal à digérer ce qu’il a vécu. Ardu, à 16 ans, de retourner avec sa catégorie d’âge quand on a touché au Graal de l’équipe première en évoluant aux côtés des Digard, Eysseric, Bodmer ou encore du buteur Dario Cvitanich. « J’ai pris la grosse tête, malheureusement. C’était hyper dur. Je n’acceptais plus les critiques, je me suis pris pour un autre. Je me voilais la face sur mes performances. Je n’étais pas assez mature pour vivre ça. » Un cadeau empoisonné, en somme.

Nice décide de ne pas le conserver. Un coup dur, partagé par son entraîneur des gardiens Thierry Malaspina, lui aussi très touché par le départ de son poulain. « Il m’a tellement apporté Thierry… Qu’est-ce qu’il a pu me fracasser aux entraînements (rires) ! J’étais très proche de lui. Il a beaucoup compté pour moi. Je n’oublierai jamais tout ce qu’il a fait pour moi. »  À 19 ans, une autre carrière s’ouvre à lui. « J’ai fait des tests à Niort, Lorient, Auxerre…et Angers. »

Direction Angers

Dans le Maine-et-Loire, l’essai est concluant. « J’ai fait un match amical face à Caen. On a perdu 2-0 mais j’avais fait un gros match. Dans le bus, ils m’ont demandé si j’étais d’accord pour signer un contrat amateur. Je n’ai pas hésité longtemps. «  Changement de vie, de région, d’environnement. « J’étais préparé à partir mais forcément on s’éloigne, on perd ses repères. Nice était ma ville, j’y avais passé 7 ans. Au club, je connaissais tout le monde : le cuistot, la femme de ménage. Il a fallu se réadapter. » Sa femme, Jennifer, l’accompagne bien sûr dans l’aventure.

Au SCO, Antho est performant, y compris aux entraînements. « Il fallait que j’aille chercher les choses. Je n’avais pas le droit à l’erreur si je voulais avoir un contrat professionnel », assène t-il. Malgré plusieurs bancs en Ligue 1 au fil des saisons, le gardien de but des Noir et Blanc évolue avec la réserve. D’abord en N3, puis en N2. En fin de saison dernière, il prend la décision de bousculer les choses. « J’allais entamer ma 5e saison avec la réserve du SCO. Je prétendais à autre chose, à trouver un nouveau challenge. J’avais besoin de progresser différemment. « 

Anthony MandreaL’arrivée à Cholet, « une sorte de renouveau »

Une remise en question qui le conduit donc au SOC au milieu de mois de juillet 2020. Direction le National et les ambitions choletaises. « On a déménagé sur Cholet, avec un style de vie encore différent. C’est une sorte de renouveau. Cela fait du bien. »

Le courant passe tout de suite avec ses nouveaux coéquipiers. Anthony enchaîne les matchs, au point de n’en rater aucun sur la phase aller. Après 17 journées de championnat, le papa de la petite Giulia (qui aura 1 an le 27 février prochain) juge le début de saison satisfaisant. « L’ambition c’est de faire encore mieux, forcément. Individuellement, je dois encore progresser dans mon jeu au pied qui doit être plus constant. Tout comme dans mes sorties aériennes. Je dois davantage sortir au duel, ce sont des prises de décisions, un travail mental. J’ai mon préparateur mental toutes les deux semaines au téléphone, on échange, on discute, il m’aide beaucoup. »

Équilibre sportif et familial

Et la suite ? « Alors moi, je vis au jour au jour, au match le match », coupe t-il d’emblée. Son retour au SCO . « Aujourd’hui, je n’y pense pas du tout. Je suis focalisé sur le SO Cholet et le prochain match face à Villefranche. Avec l’équipe, nous avons des ambitions. On aura le temps de penser à la suite en fin de saison. Ce qui est sûr, c’est que je pourrai revenir à Angers avec un statut différent, avec 34 matchs et une saison pleine en National. » L’homme, qui a trouvé le parfait équilibre avec sa femme Jennifer – « Elle est essentielle à ma vie, c’est elle qui me permet au quotidien de penser au football et d’être performant » – entend bien faire décoller sa carrière avec ce prêt salvateur. Et rapprocher, à court terme, le SOC des leaders du championnat.

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