Fred Dembi

Le néo-milieu de terrain choletais a connu un parcours loin d’être rectiligne, et pas seulement dans le football. À force de courage et de persévérance, Fred a su tracer son chemin pour se retrouver aujourd’hui à la place qu’il mérite. Et le meilleur est encore à venir.

6 janvier 2020. 1/32e de finale de la Coupe de France, 6e minute de jeu. Fred Dembi hérite d’un bon ballon à l’entrée de la surface. Un contrôle dans la course et un petit ballon piqué dans la lucarne plus tard, le Rouennais fait basculer le stade Robert-Diochon dans la liesse. Il enlève son maillot pour rendre hommage à son ami et ancien coéquipier Nathaël Julan, décédé quelques jours plus tôt près de Guingamp dans un accident de la route. L’arbitre lui adresse un carton jaune, synonyme de suspension pour le 1/16e de finale. L’affaire embrase les médias et le monde du football qui réclament la clémence. La Commission de discipline en décidera autrement. Fred Dembi, de l’ombre à la lumière.

Du Congo à Paris

Pourtant, un peu moins de 25 ans plus tôt, le 21 février 1995, quand Fred voyait le jour à Pointe-Noire au Congo, rien ne le prédestinait à une telle exposition. L’arrivée à Paris chez son oncle, le frère de sa maman, alors qu’il n’a pas encore 2 ans. Une enfance heureuse mais difficile. Dans la pauvreté. Une maman qui travaille dur comme femme de ménage pour subvenir aux besoins de ses enfants. « On ne savait jamais vraiment si l’on aurait à manger le soir à la maison. C’était dur. » Le petit Fred n’a alors qu’un rêve. Un rêve d’enfant : « Devenir médecin. »

Formation à l’US Quevilly

Les années passent. La famille déménage à Rouen où la maman trouve un nouveau travail dans un Ehpad. Et à force de voir son grand frère jouer en bas dans le quartier, Fred, accroché à son balcon, s’intéresse de plus en plus au ballon rond. « J’ai commencé à jouer avec mon grand frère quand j’ai eu 5-6 ans, toujours contre des plus grands. Et notre maman nous a pris notre première licence. » Le club de son quartier, à l’AMS Madrillet Château Blanc.

1 an en débutants, 2 ans en poussins, le temps est venu de rejoindre l’US Quevilly, l’un des clubs-phares de la région. Il y fera toutes ses classes : benjamins, 13 ans DH, 14 ans fédéraux, jusqu’aux 17 ans et 19 ans Nationaux. Une progression constante, des entraîneurs sous le charme. Au point qu’Emmanuel Da Costa, l’actuel entraîneur du Sporting club de Lyon, le lance dans la grand bain des seniors, le 6 août 2014, en le faisant entrer à 20 minutes de la fin du match contre Dieppe en National 2.

Progression et erreurs de parcours

Ses prestations attisent alors la curiosité. Fred traverse la Manche pour effectuer un essai aux Queens Park Rangers. Concluant. Mais l’US Quevilly compte sur lui et ne veut pas le laisser partir. Ce sera chose faite à la fin de la saison 2014-2015 où il rejoint Le Havre. « J’ai joué en N3 toute la saison (20 matchs, dont 17 titularisations). On a fait une grosse saison, on est montés. Dans l’équipe il y avait Ferland Mendy (aujourd’hui au Real Madrid), mon ami Nathaël Julan… Le Havre m’a alors proposé un nouveau contrat amateur mais j’ai été gourmand et pressé. Je voulais plus. C’était une erreur. C’est là que j’ai signé à Avranches en National. Le président me voulait absolument. Mais j’ai vite compris que cela n’était pas le cas du coach. »

L’homme a vu juste. L’aventure avranchinaise tourne court. La déception est immense. Le sentiment d’avoir subi une injustice sans pouvoir montrer son potentiel. « J’ai décidé de revenir près de chez moi à Rouen. C’était une période difficile. J’ai signé à l’AL Déville Maromme en R1. » Il y côtoie un certain Yapo N’Chobi, aujourd’hui son coéquipier au SOC. « On est montés, on a fait une super saison. J’ai été sélectionné en équipe de Normandie pour la Coupe UEFA des Régions. Et puis le coach, David Giguel, s’est engagé au FC Rouen. Il m’a demandé de le suivre. » L’aventure rouennaise pouvait alors commencer.

Fred Dembi

Fred Dembi, ici à la lutte avec Steeve Solvet (Sète), le petit frère du Choletais Nigel, a réalisé une belle prestation récompensée par une passe décisive pour son premier match en National avec le SO Cholet.

Cholet plutôt que Le Mans

Chez les Diables Rouges, Fred connaît une nouvelle montée. La saison dernière, en N2, il explose en étant le métronome du milieu de terrain normand. Des clubs plus huppés se manifestent. Un long mercato dû à l’arrêt du championnat s’engage. Les sollicitations sont nombreuses mais des divergences avec son président font traîner les choses. C’est alors que le SO Cholet entre dans la danse.

« J’ai eu Stéphane Rossi au téléphone et la direction sportive du club. J’ai senti une réelle envie de me faire venir. J’avais eu des contacts avancés avec Le Mans FC qui m’a demandé d’attendre. Mais le SOC a été réglo dès le départ, s’est entendu rapidement avec mes dirigeants. Le projet, avec la reconstruction de l’équipe, les ambitions, le discours du coach… J’ai senti que j’avais tout pour m’épanouir à Cholet. Alors j’ai rappelé Didier Ollé-Nicolle (entraîneur du Mans FC) pour lui dire que j’avais fait mon choix et que je voulais aller à Cholet. Ma décision était prise. »

« On est une équipe, on se soutient les uns les autres »

À 25 ans, le voici donc entré dans la grande arène du National. Un choix qu’il ne regrette absolument pas aujourd’hui. « Je me sens de mieux en mieux après mon retour de blessure. Et puis franchement, l’ambiance dans le groupe… Nous sommes une famille. Sur le terrain, ça se ressent tout de suite. »

L’état d’esprit, irréprochable, est primordial pour obtenir des résultats. « L’important ce n’est pas de perdre le ballon, ça arrivera toujours de faire des erreurs techniques. Non le plus important, c’est d’aller le récupérer tout de suite. Entre nous, on ne s’engueule pas sur le terrain, on est une équipe. Alors on s’encourage, on se soutient les uns les autres. Le coach et le staff sont intransigeants là-dessus. Ils ont raison. »

Conscient que les ingrédients sont là pour faire une belle saison, Fred sait que le chemin est encore long. Un chemin semé d’embûches ? Peut-être, mais Fred a toujours su s’en accommoder pour atteindre ses objectifs. Ambitieux, il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. En ne lâchant jamais rien. Futur papa, le petit homme de Pointe-Noire a bien grandi. Nul doute que sa progéniture héritera de ses valeurs universelles.

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