À 39 ans, le dernier rempart du SO Cholet entend bien rapidement obtenir le maintien avec ses coéquipiers. Face à Boulogne vendredi soir au stade omnisports (20 heures), il espère que son équipe saura montrer autant d’efficacité offensive qu’au Puy pour renouer avec le succès à domicile.
« Steeve, comment va le groupe après la victoire au Puy (6-2) ?
Forcément, cela va beaucoup mieux. Il était temps que notre travail paie et que nos efforts soient récompensés.
Comment expliques-tu ce large succès ?
Déjà, nous avons été efficaces offensivement. On s’est créés beaucoup d’occasions, on a marqué 6 buts. Et puis nous avons su réagir juste après l’égalisation du Puy à 2-2 avec le coup-franc de Kevin (Rocheteau). On a su se remettre à l’endroit juste avant la mi-temps.
Sans ce but, la donne aurait-elle changé ?
Je ne sais pas mais il est certain qu’en arrivant à 2-2 à la mi-temps, cela aurait soufflé dans le vestiaire (rires). Durant toute ma carrière, tous mes coachs ont dit que le 3e et le 5e but d’une rencontre étaient généralement décisifs selon les scénarios. Là, on n’a pas mis le 3e but mais on est parvenus à mettre le 5e !
Dans le vestiaire à la mi-temps, quelle était l’atmosphère ?
En menant 3-2, cela nous a permis de nous reconcentrer. On n’a pas eu le temps de douter. Cette fois-ci, le grain de sable n’a pas enrayé la machine. On est repartis du bon pied dans la seconde période, on a tout de suite mis le 4-2 grâce à Kévin. Et après on a déroulé, c’était aussi plus simple en jouant à 11 contre 10.
Comment expliques-tu que cette fois-ci, le match a basculé du bon côté ?
Nous étions en progression ces derniers matchs, à tous les niveaux. Nous n’avions pas eu les résultats escomptés mais cela fait partie de notre apprentissage de groupe. On doit se servir de ces mauvais moments. Le groupe est soudé, les mecs sont bienveillants les uns envers les autres. On travaille bien la semaine à l’entraînement. Quelque chose se crée.
À titre personnel, comment juges-tu ta saison jusqu’ici ?
(Long silence) Je suis quelqu’un de très critique envers moi-même. J’aspire à toujours faire mieux. Par exemple, on a pris trop de buts cette année, et par rapport à mon poste je suis forcément déçu de ça.
C’est aussi lié à l’ensemble de l’organisation défensive de l’équipe non ?
Oui, mais moi je ne raisonne pas comme ça (rires). En tant que gardien, je ne peux pas me désolidariser de cette statistique. De toute façon, je ressors très souvent frustré de mes matchs.
Pourquoi ?
Disons que je joue au football pour prendre du plaisir. Mais le plaisir, je le trouve dans 2 situations : soit quand on gagne, – et cette saison malheureusement on a gagné peu de matchs – soit en étant très bons. Mais comme je suis très perfectionniste et lucide sur mes prestations, je suis rarement content à 100%.
Ce côté perfectionniste, c’est ce qui explique ta longévité au plus haut niveau ?
J’aime mon travail. Je suis heureux de me lever tous les matins pour aller à l’entraînement. Depuis que j’ai 16 ans, je vis et je pense football tous les jours. Mais je pense ‘optimisation » du football aussi. Il y a le travail visible et invisible qui est tout aussi important. J’ai besoin de ça.
Le travail invisible, c’est-à-dire ?
C’est tout le travail que l’on effectue hors du terrain. Il ne s’agit pas de petits détails. Par exemple, le mec qui m’a le plus impressionné à ce niveau-là dans ma carrière, c’est David Rozenhal (ex-défenseur du PSG et du LOSC notamment). Il arrivait toujours 1 heure avant l’entraînement, faisait ses exercices de préparation… Il ne laissait rien au hasard. Et c’était la même chose tous les jours, que l’on gagne ou que l’on perde. Un exemple. Il m’a beaucoup inspiré par rapport à ça.
Cela fait partie de ton équilibre ?
Tout à fait. J’ai besoin de savoir pourquoi je fais les choses et comment je les fais. J’ai compris au fil des années que pour recevoir, il faut donner. Donc je donne à mon métier. Je me réfugie dans le travail pour être performant. Les paroles ne servent pas à grand-chose dans le football. Il faut bosser pour avoir des résultats. Alors oui, c’est certainement pour cela qu’à 39 ans j’ai toujours envie.
Qu’est-ce qui te fera arrêter le football ? Lorsque tu n’auras plus envie ou lorsque tu ne seras plus bon ?
(Silence). C’est une bonne question. Ma crainte, c’est de ne pas me rendre compte que je ne suis plus à la hauteur. Heureusement, j’ai une relation forte avec le staff technique, avec Saïd (Zaibilia, le coach des gardiens). J’ai besoin d’échanger, et surtout que l’on me dise les choses. Etre sur le déclin sans s’en apercevoir, c’est la pire chose pour un footballeur.
Quel est le moment le plus fort dans ta carrière ?
Ce n’est pas simple d’en ressortir un seul. Il y en a plusieurs. Je pense à la montée en 2001 avec Valence. On avait joué un match couperet lors de la dernière journée à La Bocca face à l’AS Cannes. Le vainqueur montait en D2. On avait gagné 2-1 et ce fut l’un des matchs les plus accomplis de ma carrière. Je pense aussi à la demi-finale de Coupe de la Ligue avec Lille à Geoffroy-Guichard face à Saint-Etienne. On avait perdu lors de la séance des tirs aux buts (0-0, 7-6 TAB). Je me sentais invincible sur ce match mais cela n’était pas passé. C’est un regret car j’aurais aimé joué une finale au Stade de France.
Comment transmets-tu toute notre expérience au groupe au quotidien ?
Ce n’est pas facile de s’en rendre compte soi-même… J’essaie d’apporter de la confiance et de la sérénité à mes coéquipiers tout en ayant une analyse la plus juste possible sur ce que l’on fait. Mais même à bientôt 40 ans, je continue d’apprendre.
Dans quel sens ?
Les situations ne sont jamais les mêmes. Par exemple, à l’entraînement, j’apprends beaucoup de mes autres coéquipiers gardiens de but : Christopher Dilo, de Kenny Philippe… Humainement aussi.
Comment tu te sens à Cholet ?
Très bien. Honnêtement, c’est un bonheur de retrouver mes coéquipiers et le staff pour travailler tous les jours. J’entrevois l’avenir au SOC. Ce sera très certainement mon dernier club.
Boulogne se présente vendredi soir au stade omnisports. Comment l’équipe aborde ce match ?
J’espère que la victoire au Puy va nous servir de déclic. Ce succès doit en appeler d’autres. On a tous passés un meilleur week-end la semaine dernière, ça fait du bien au moral d’avoir gagné.
Quels ingrédients faudra-t-il mettre pour l’emporter ?
Nous devrons être efficaces. Boulogne est une équipe qui elle aussi a mangé son pain noir à un moment de la saison. Mais elle a su rebondir et maintenant elle joue la montée. C’est un adversaire dangereux. On doit se servir de notre travail effectué ces dernières semaines. Maintenant, il faut enchaîner. Quand je vois le bonheur dans les vestiaires au Puy, le cri de guerre… Le parfum de la victoire nous avait manqué. Je veux revivre ces moments-là. »
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